Secrètes pensées, secrets écrits, secrets ouvrages
Chat et oiseau, Paul Klee, huile et encre sur enduit de plâtre,
colle et peau de lapin, sur toile marouflée, 38 x 53 cm, 1928.
Ce tableau de Paul Klee me fascine. J'ai mis longtemps à comprendre pourquoi. J'aime les chats, j'en ai eu de nombreux qui ont surveillé d'un œil les monceaux de copies que je corrigeais inlassablement. L'autre œil faisait semblant de dormir. Mais mon intérêt se situe ailleurs, dans le hors-champ de mes pensées les plus secrètes.
Le chat de Klee occupe tout l'espace de la toile. On ne peut échapper à sa présence magnétique. Ses yeux verts nous observent, comme s'ils étaient déterminés à nous posséder, à nous happer. Et puis, il y a l'oiseau, posé entre les deux yeux du chat. C'est un oiseau dont la couleur hésite entre le carmin et le rose soutenu. Le museau du chat est peint d'une couleur identique. C'est, bien sûr, délibéré. Le chat vient-il de croquer l'oiseau ou s'apprête-t-il à le faire ? Là est la question. C'est une histoire qui se joue à trois entre le peintre, le tableau et le regardeur.
Toutefois, une autre piste s'offre à nous. S'agit-il du rêve du chat ? Le chat serait-il en analyse, bien installé sur le sofa de Sigmund ? Je pencherais plutôt pour cette option. Vous allez penser que je suis fêlé. À dire vrai, ce n'est pas faux. Attendez la suite.
Bref, Paul Klee nous invite à pénétrer les pensées du chat. Nous avons accès à son for intérieur, nous sommes au cœur de son intimité. Son museau a d'ailleurs la forme d'un cœur.
C'est habituellement une entreprise impossible. On ne peut avoir accès aux pensées intimes d'un être qu'il soit un animal ou un être humain. Vous me direz qu'on ne sait pas si les animaux ont un for intérieur et vous n'aurez pas tort, de toute évidence.
Boîte à secrets, 19e siècle
Notre for intérieur est une boîte à secrets que nous trimballons en toutes circonstances. Il nous arrive de verbaliser ces pensées par le truchement de l'écriture ou lors d'un entretien chez notre psy préféré(e). Et que dire des lapsus révélateurs...
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L'écriture nous permet de mettre en mots ces pensées parfois inavouables et de les mettre bien à l'abri dans un journal intime. Ce journal intime n'est pas destiné à être lu par autrui, cela va de soi. Il y est le plus souvent question du quotidien, d'impressions, de sensations, de désirs et de questionnements divers. L'écriture sert également à circonvenir des crises, à les mesurer, à les mettre à distance. L'ensemble est cadenassé virtuellement ou réellement. C'est le plus souvent le domaine des adolescent(e)s qui luttent contre leur mal de vivre.
Que ces journaux intimes soient lus par une personne extérieure tient de l'effraction ou parfois, du simple hasard. Et si, à la fin des fins, ce n'était pas l'inéluctable destin du journal intime que d'être révélé ? Il y a une parenté entre le masque et le journal intime. Le masque dissimule, mais sa fonction véritable est de mettre au jour le visage de celui ou de celle qui le porte.
Certains journaux intimes comportent des chaînes ou des serrures. Pourtant, chacun sait que ces serrures peuvent être facilement forcées et que ces chaînes peuvent être sectionnées. La fermeture est une invitation à la transgression.
Guild Library Chained Book
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On ne peut nier la dimension autobiographique qui habite la tenue d'un journal intime. Ce sont des morceaux de vie, des éclairs de pensées, des petits riens qui sont d'une importance capitale au moment où on les écrits.
Certains journaux, rédigés au jour le jour par des écrivains ou des artistes prestigieux, sont publiés. Ils sont donc exposés en pleine lumière. On songe à Stendhal, André Gide, Anne Frank, Virginia Woolf ou Anaïs Nin, entre autres.
On écrit d'abord pour soi tout en s'adressant au lecteur. C'est exactement ce que fait Rousseau dans Les Confessions en affirmant une totale transparence. Toutefois, il faut bien se résoudre à accepter qu'il s'agit là d'une entreprise impossible.
Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme sera sera moi.
Enfin, il ne faudrait pas assimiler le verrouillage des journaux intimes aux livres enchaînés des bibliothèques du Moyen Âge. Ces chaînes empêchaient le vol des livres de grande valeur tout en les rendant accessibles.
La bibliothèque enchaînée de la
Cathédrale d'Hereford, Royaume Uni
Vous voyez, je me laisse emporter par ce sujet qui occupe mes pensées depuis si longtemps. Il n'est pourtant pas dans mon intention de vous imposer une thèse sur le sujet.
Je terminerai donc avec un point qui me semble essentiel. Un secret est, par essence, toujours en mouvement. On cache la poussière sous le tapis et on espère que, ni vu ni connu, elle restera sagement à l'écart des regards indiscrets. Il arrive même qu'on l'oublie totalement.
On le sait bien, les secrets de famille ne restent jamais enfouis, il y a toujours quelqu'un pour les déterrer, les épousseter et faire remonter le cours de leur histoire.
Mes livres à secrets
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© Bibliothèque Romain Gary, Ville de Nice
Cela fait quelques années que je malmène les vieux livres. J'ai bien conscience d'être un iconoclaste. C'est pourtant une manière de les célébrer en leur donnant une nouvelle vie. Je m'intéresse aux couvertures, aux pages où je me perds en dessins minutieux ; je découpe, je déchire, je décolle, je ponce, je recolle... C'est un processus assez complexe que je vais vous décrire tout en gardant quelques secrets de fabrication.
Le projet des Livres à secrets m'est venu assez récemment. Lors de mon exposition à la Bibliothèque Romain Gary, la responsable des lieux, Myriam Cauvin, a eu l'idée d'organiser une visite des archives "secrètes" de la bibliothèque. Nous avons pu y découvrir des volumes anciens sagement alignés sur des étagères. Fragiles, ils n'exposaient que leur tranche en très mauvais état. Ils montaient la garde et semblaient protéger quelque trésor inaccessible. C'était un spectacle captivant.
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© Bibliothèque Romain Gary, Ville de Nice
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© Bibliothèque Romain Gary, Ville de Nice
Le projet s'est installé doucement en moi, presque à mon corps défendant. Petit à petit, il a pris forme, nourri par le souvenir de mon adolescence studieuse lorsque je hantais la salle de lecture de la bibliothèque Dubouchage.
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J'aime flâner dans les allées du marché aux livres, Place de la Préfecture à Nice. J'y ai mes habitudes et j'y trouve toujours de quoi alimenter ma nature obsessionnelle. Je ne cherche pas des livres en bon état et je ne dépense pas plus de 10 € l'exemplaire. Immanquablement, je ressens une certaine fébrilité et il arrive même que des livres me chuchotent à l'oreille qu'ils aimeraient bien changer de vie et prendre un nouveau départ. Je les rapporte chez moi et ils passent un bout de temps dans des boîtes à chaussures en attendant le jour de l'intervention, sous anesthésie générale, c'est évident.
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Mes bricolages
J'utilise différents formats que je désosse plus ou moins complètement selon ma fantaisie. Il me reste alors la couverture et quelques pages. Ensuite, je comble les vides avec des pages cartonnées que je colle aux pages qui ont survécu à cette première opération. Les pages restantes sont également collées les unes aux autres. C'est un processus lent et minutieux. Il faut atteindre l'épaisseur idéale. Lorsque je procède au collage, je glisse un message dûment plié entre deux pages. Je ne garde aucune trace de ce message afin de l'oublier. Ce sont des impressions, des souvenirs, des interrogations, des rêves, des cauchemars, tout ce qui me vient plus ou moins spontanément à l'esprit. Cela ressemble au bric-à-brac que l'on dépose chez son psy. Ces messages sont enfermés, séquestrés, mis au cachot. Ce serait peine perdue de vouloir les déterrer car ils sont rendus illisibles par la colle. Enfin, j'ai recours à des ficelles de couleurs différentes pour assurer le "verrouillage" de l'ensemble. J'ai essayé le fil de fer, mais l'effet est moins satisfaisant car c'est un matériau qui n'épouse pas la surface du carton et qui le détériore. Il est en outre dépourvu de "vie" - trop lisse, sans aspérités.
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Il s'agit davantage de ligotage que de ficelage. D'aucuns pensent que c'est plus ou moins la même chose. Pourtant, il me semble que la contrainte exercée par le ligotage est plus astreignante, plus vigoureuse et plus assertive.
Les Japonais ont érigé le ligotage en œuvre d'art. L'Hjōjutsu consiste à ligoter un criminel à l'aide de cordes minutieusement choisies dans le cadre d'un rituel bien établi. En vogue à l'époque Sengoku (1580-1600), c'était une technique de torture très prisée. La contention devait être efficace et esthétique. Je vous épargnerai le bondage destiné à pimenter les jeux sexuels.
Source Wikipedia
Loin de moi l'idée de revendiquer une parenté avec ces pratiques, mais il m'a semblé intéressant de souligner l'extrême contrainte qu'impose un ligotage soigné.
J'exerce donc une pression très forte afin que les "secrets" ne puissent s'échapper. J'aurais aimé inventer une machinerie compliquée qui se serait déclenchée à la moindre effraction, en hommage à Indiana Jones. J'ai aussi pensé à glisser une clef USB comportant l'intégralité des œuvres de Freud. Malheur à celle ou à celui qui tenterait d'ouvrir la dite clé qui s'auto-détruirait à la façon des vieilles cassettes du temps de Mission Impossible. J'aime bien délirer...
Je dois avouer que parfois, je ne joue pas le jeu et que j'introduis des leurres. Certains volumes de comportent pas de message. Le regardeur ne le sait pas et il ne le saura jamais.
Qu'adviendra-t-il de cette bibliothèque lorsque je me serai fait la malle ? Impossible de le savoir, peut-être finira-t-elle ses jours entre les mâchoires d'une benne à ordures ménagères. L'idée ne manque pas d'élégance, malgré tout.
Alignés au garde-à-vous, entassés sur une étagère ou sur un banc de bois, ces livres nous défient du regard et suscitent notre fascination. Ils représentent la tentation de l'impossible.
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La plupart du temps, j'ai choisi de peindre les couvertures en noir pour qu'ils ressemblent à des carnets noirs. Le noir sied au mystère, c'est bien connu.
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Des nuances de bleu
Récemment, j'ai opté pour d'autres couleurs. Le bleu "Klein" que l'on peut se procurer chez Ressource, est d'une beauté incomparable, surtout s'il est rehaussé par une peinture dorée. Le livre devient précieux, le carton prend des allures de métal. L'or provoque une sensation d'émerveillement, en ce qu'il suggère la splendeur des livres du Moyen Âge.
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Le rouge est une couleur archétypale
Ce sont les livres de la bibliothèque rouge et or qui me sont revenus en mémoire.
Voici un extrait éclairant tiré de l'introduction à l'ouvrage de Michel Pastoureau, intitulé, Rouge :
Pour les sciences humaines, parler de "couleur rouge" est presque un pléonasme. Le rouge est la couleur archétypale, la première que l'homme a maîtrisée, fabriquée, reproduite, déclinée en différentes nuances, d'abord en peinture, plus tard en teinture. Cela lui a donné pour de longs millénaires la primauté sur toutes les autres couleurs. Cela explique aussi pourquoi dans de nombreuses langues un même mot peut signifier tout ensemble "rouge", "beau", "coloré". Même si aujourd'hui, en Occident, le bleu est de loin la couleur préférée, même si dans notre vie quotidienne la place du rouge est devenue discrète – du moins si on la compare à celle qui fut la sienne au Moyen Âge –, le rouge reste la couleur la plus forte, la plus remarquable, la plus riche d'horizons poétiques, oniriques ou symboliques.
Rouge, Histoire d'une couleur, Michel Pastoureau, Éditions du Seuil, 2016.
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Des coffrets, des boîtes et des blocs de bois
Au fur et à mesure que je progressais dans ma recherche, je me suis intéressé aux coffrets qui protègent les livres d'art. C'était une rencontre magique entre l'objet-livre et la boîte à secrets. L'illustration s'est logiquement imposée à moi avec le même souci de ne donner aucune clef qui permettrait de décoder le message logé à l'intérieur.
Les boîtes deviennent des sarcophages. Je ne me suis pas rendu compte immédiatement de la charge symbolique de cet enfermement que j'ai déjà abordé dans mon billet de blog consacré à la boîte de Pandore. Le billet de blog c'est ici.
Le ligotage est, sans nul doute, une contrainte exercée sur l'objet. Elle est de surcroît, la manifestation d'une intention qui touche à l'intime du concepteur dont l'acte créatif est, malgré tout, une libération.
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Les blocs de bois me fascinent tout autant et je les traite à la manière de mes livres. Ces blocs, d'une épaisseur de 4 cm, ne contiennent rien par la force des choses. Ils sont les gardiens des secrets. J'aime l'idée d'un dialogue muet entre ces sculptures énigmatiques et les livres-objets.
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Les Illustrations
Je n'illustre pas systématiquement la page de couverture de mes livres désossés. Et si je le fais, j'ai recours à des collages abstraits. Parfois je fais figurer un texte imprimé sur lequel j'interviens afin de le rendre illisible. Toute forme d'écriture se doit d'être brouillée.
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Au terme de ce périple
Je suis arrivé au terme de ce périple et je vous sens frustrés, chères lectrices et chers lecteurs. C'est compréhensible, vous voudriez en savoir davantage, percer le mystère de ces messages perdus entre les pages de mes livres et séquestrés dans mes boîtes. Je vous ai dit que je n'en gardais pas la trace et c'est la vérité vraie. Je me souviens des plus importants parce qu'ils habillent mes obsessions, mais je ne saurais vous dire où ils sont cachés.
Je vais donc satisfaire (en partie) votre curiosité et vous proposer le contenu d'un message. J'ai inscrit sur un petit carton, la question suivante : "Qui es-tu ?". C'est une interrogation fondamentale pour tout être humain. C'est une question que je me pose à moi-même sans véritablement trouver de réponse. Même le miroir est défaillant et le reflet qu'il m'offre est une image décevante. Vous me direz que je pourrais chercher qui je suis dans le regard des autres. J'ai essayé, en vain.
Il me semble que la réponse se situe dans l'action. C'est ce qu'on fait qui détermine ce que l'on est. En d'autres termes, ce sont mes bricolages qui me définissent le mieux.
Enfin, la question s'adresse à un lecteur éventuel qui, par le plus grand des hasards, serait parvenu à déchiffrer ce message secret.
Hommage à Anne Dufourmantelle
Je vous propose des extraits de l'ouvrage d'Anne Dufourmantelle, Défense du secret, Rivages Poche, 2019.
Elle était, philosophe, psychanalyste, romancière. Son écriture était limpide et son approche était toujours d'une séduisante originalité. Elle savait faire un pas de côté afin de choisir un angle toujours pertinent, voire inattendu.
C'était une "belle personne". Elle a trouvé la mort le 21 juillet 2017 à Ramatuelle en sauvant de la noyade le fils d'une de ses amies âgé de dix ans.
Bibliographie sélective
La Femme et le Sacrifice : d'Antigone à la femme d'à côté, Denoël, 2007
Éloge du risque, Payot, 2017
Intelligence du rêve, Payot, 2012
En cas d'amour, psychopathologie de la vie amoureuse, Rivages 2012
Puissance de la douceur, Payot, 2013
L'Envers du feu, Albin Michel, 2015
Défense du secret, Payot, 2015
Souviens-toi de ton avenir, Albin Michel, 2018
Des manigances cachées des dieux au "secret défense", de la confidence érotique à la dissimulation d'un crime, la vérité sème ses silences à même l'existence; Quelle est la nécessité de la tenir à l'écart, de la réserver, et de faire usage de cette élection à des fins de pouvoir, d'amour, d'initiation ?
Notre lexique fait état de secrets très divers. Dans l'esprit, ils vont de la rêverie érotique aux pensées, des sentiments aux sensations. Dans les affaires, ils participent aux rétro-commissions, aux transactions inavouables. Pour ce qui est des objets, on les retrouve dans les mécanismes de serrures, les portes dérobées, les escaliers invisibles, les galeries insoupçonnables. dans le registre initiatique des rituels, ils sont prières, observances, écrits sacrés. Cette constellation du secret tendrait à le ramener en dernier lieu à l'avoir alors qu'il est fondamentalement du côté de l'être.
Défense du secret, Anne Dufourmantelle, Rivages poche, 2019.
Dans le mythe de Persée, le héros protégé par le bouclier d'Athéna et les sandales ailées d'Hermès tranche la tête de Méduse. De la blessure s'écoule deux sources, l'une est un poison mortel, l'autre un élixir d'immortalité. Une arme toxique et un remède. Telle est l'essence du secret, double. Il peut être un agent de destruction lent ou rapide et se faire porteur des pires miasmes comme il peut se révéler un trésor inestimable, refuge de vie dans sa puissance de régénération.
Les secrets sont parfois des virus à évolution lente, dissimulations familiales ou mensonges de guerre, filiations tronquées, occultées ; ils creusent des sillons morts sur plusieurs générations avant de pouvoir être mis au jour et réinventés autrement. Le même secret peut servir la vie ou la mort, selon. Un secret est du côté du traumatisme autant que de la jouissance. Il désigne des savoirs dissimulés comme des pratiques ou des essences. Sa fondamentale ambivalence le rend dangereux à manier, à exprimer. Sans doute est-ce la raison pour laquelle aucun pouvoir ne peut s'en passer, aucune vie amoureuse non plus. Il fraie avec la vérité et le mensonge, mais ne s'y confond pas.
Défense du secret, Anne Dufourmantelle, Rivages poche, 2019.
Vous pouvez écouter la chronique de France Culture, Peut-on encore avoir des secrets ? Il vous suffit de cliquer sur ce lien.
Remerciements
Mme Françoise Michelizza, directrice des bibliothèques de Nice.
Mme Myriam Cauvin, responsable de la bibliothèque Romain Gary de Nice.
Merci de m'avoir lu et à bientôt.