Tom Phillips n'a pas eu la place qu'il méritait sur la scène artistique britannique. Il le regrettait d'ailleurs. Il laisse derrière lui une œuvre originale, intelligente et sensible. On ne se lasse pas de se perdre dans les méandres d'un monde proche, tout proche de celui de Peter Greenaway.
Au fil des mois
Johan Claasen & Dorien Melis
Comme vous avez pu le constater, je me suis particulièrement intéressé à l'art minimaliste et au recyclage. J'ai fait des découvertes essentielles qui m'ont permis de me renouveler.
À force de chercher, j'ai parfois l'impression d'avoir trouvé un mode d'expression, une idée qui n'appartient qu'à moi. Peine perdue, je trouve toujours quelqu'un qui a ouvert la voie et avec beaucoup plus de talent et de maîtrise que moi. Je n'en sors pas frustré ou malheureux, j'aime découvrir des artistes qui appartiennent à mon monde.
Il m'arrive de me demander si je ne suis pas en flagrant délit de plagiat car je suis une sorte d'éponge - je m'imprègne, je recycle, je revisite, souvent à mon corps défendant. Vous vous souvenez du Lagarde et Michard consacré au XVIe siècle ? C'est là que j'ai découvert le concept de l'innutrition. Les poètes de La Pléiade préconisaient l'imitation des textes anciens afin d'aboutir à une création personnelle. Vous allez vous demander si je n'ai pas pété les plombs en me prenant pour Du Bellay. Rassurez-vous, j'ai encore toute ma connaissance. N'y voyez pas non plus de cuistrerie, je suis affligé d'une capacité mémorielle encombrante qui me fait revivre des scènes du passé, en l'occurence mes cours de littérature en seconde dispensés par M. Morisset, l'un de mes tuteurs de résilience, comme dit Boris.
Revenons à mes coups de cœur. Je me suis plongé avec délice dans l'univers obsessionnel de Roman Opalka pour me retrouver absorbé par celui d'Andreas Luethi. Certains, parmi vous, ont eu un peu de mal à suivre les méandres de mes obsessions personnelles. Ce n'est pas grave, ce blog est aussi un voyage intérieur, une façon de me confronter à mes propres démons. Pourquoi suis-je tant attiré par l'infiniment petit ?
Je me suis également pris de passion pour le travail de Yoella Razili. Son processus de création s'apparente à l'alchimie car elle transforme en objets précieux et uniques des vestiges faits de bois destinés au rebut. Je la suis sur Instagram et sur Pinterest et à chaque fois, je suis émerveillé par l'extraordinaire sobriété de son travail, si subtil et si séduisant. Elle m'a ouvert de nouveaux horizons et je continuerai à la suivre à la trace au gré de ses publications.
Enfin, le travail de Gunnar Forsén nous a permis de nous rendre dans les brumes du Nord, tout près de la maison mère de l'entreprise bleue et jaune. J'aurais aimé avoir un grand sac jaune pour y loger quelques collages et autres statues. Un jour, je l'espère, je rendrai visite à Gunnar avec qui je corresponds régulièrement. Ces rencontres sur Instagram sont précieuses.
Ainsi, hier, j'ai reçu un message de Ken Kurogiro qui m'informe de l'envoi d'un cadeau surprise. Vous souvenez-vous du billet de blog consacré à Ken ? Voici le lien. Il détient le record de visites ! À ce jour, 37 445 visiteurs.
Mon travail
C'est un bien grand mot pour un passe-temps. Ce n'est pas un labeur, c'est une nécessité et une thérapie. Je procède le plus souvent par séries ou plus précisément, par marottes.
J'ai eu recours au ligotage. C'était tout d'abord une recherche décorative à mes yeux afin de faire vibrer mes compositions faites de bois flottés ou de souches. Ce n'est que plus tard que je me suis rendu compte de la portée symbolique de ce geste artistique. J'ai toujours été fasciné par le rôle essentiel de la contrainte dans toute production artistique. Me revient en mémoire la citation de Gide, sujet de dissertation proposé par Paul Viguier : "L'art nait de contrainte, vit de lutte et meurt de liberté." Encore une cuistrerie, me direz-vous ... Mes professeurs m'ont beaucoup apporté et j'aime leur rendre hommage.
C'est à partir de ce "travail" que je me suis lancé dans les livres et boîtes à secrets. C'est mon grand projet de l'année passée. Je l'ai décrit par le menu lors d'un précédent billet de blog. Pour le relire, si le cœur vous en dit, c'est ici. Je n'en ai pas terminé avec le ligotage et je vous tiendrai au courant de la suite.
Enfin, je me suis laissé tenter par la troisième dimension à partir de chutes de bois, de morceaux de palettes, de trésors dénichés au marché aux puces du cours Saleya. C'est un monde totalement nouveau que je découvre, tout en me situant dans la continuité de mon "travail" précédent. Une forme revient, tout à fait à mon insu, celle de la forteresse. C'est à la fois un refuge et une prison. Je me garderai bien de vous en dire davantage. Parlez-en au sofa rouge ci-dessous :
JLL, 2022
Vous l'aurez compris, mon activité commence à être débordante et je suis débordé... Voici ma dernière trouvaille, je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Il s'agit d'une batte à côtelettes dont le potentiel d'abstraction s'est immédiatement imposé à moi.
J'ai eu le bonheur d'exposer une partie de mes recherches sur le livre à la bibliothèque Romain Gary, 21 bis, Boulevard Dubouchage, à Nice, du 11 mars au 22 avril 2022. C'est un bel écrin, restauré avec goût. J'ai été très honoré de pouvoir exposer mes collages et autres dessins dans le lieu que j'ai jadis fréquenté assidûment lorsque j'étais élève au lycée Masséna. Une visite privée des "entrailles" de la bibliothèque a été organisée et a permis aux visiteurs de découvrir une partie des archives de ce lieu d'exception. J'ai bénéficié d'un accueil chaleureux et je tiens à remercier madame Françoise Michelizza, directrice des bibliothèques de Nice, madame Myriam Cauvin, responsable de la bibliothèque Romain Gary et l'ensemble de l'équipe de la bibliothèque.
Mes prochaines promenades
J'ai quelques projets dans ma besace. Je vous proposerai le mois prochain une promenade au Brésil – ce sera une balade en terre inconnue à la rencontre de l'art brut. Ensuite, je reviendrai au travail du bois, à la découverte de l'œuvre du sculpteur David Nash. Je pense aussi à rendre hommage au peintre Richard Diebenkorn. Sur le papier de l'écran, tout semble organisé; je me laisse quand même le loisir de tout chambouler selon ma fantaisie.
En ce moment, je prépare une conférence sur La femme sous le regard de Klimt pour l'association Vu pas Vu.
Entre deux lectures, j'ai composé quelques cartes de vœux que je persiste à envoyer par la voie postale.
JLL, 2022
Pour clore
Je sais que vous allez le regretter, mais il me faut bien conclure. Ce sera tout d'abord en musique. J'aime Sarah Vaughan, que m'a fait découvrir mon copain, Jacques Fassola dont je vous ai déjà parlé.
Et voilà qu'une toute jeune chanteuse suit les traces de Sassie; elle s'appelle Samara Joy. Pour l'écouter chanter Round Midnight, c'est ici.
Et enfin - c'est vraiment la fin – , saurez-vous identifier le cliché ci-dessous ?
Creusez-vous la tête. Je vous donnerai la réponse au prochain épisode :
Que la nouvelle année vous soit douce et fertile, en dépit du chaos du monde.