La catastrophe
Pompéi. Cité immortelle, Musée de la civilisation, image empruntée ici
Pendant longtemps la date de la catastrophe a été fixée au 24 août 79. De récentes études entreprises par l'archéologue Grete Stefani privilégient la date du 24 octobre 79 en raison d'indices concordants : découverte de vin fraîchement pressé, vases de fermentation du vin scellés, fruits d'été séchés, vêtements chauds portés par les victimes. Cette date a été confirmée par la découverte d'une inscription figurant sur le mur d'une maison mise au jour en 2018. En effet, au bas d'un graffiti au fusain, figure une date qui correspond au seizième jour avant les calendes de novembre, soit le 17 octobre 79. De toute évidence, l'éruption n'a pas eu lieu en août.
Le Monde, 16 octobre 2018, image empruntée
ici
L'éruption du Vésuve a englouti Pompéi sous 7 mètres de cendres volcaniques, et le port d'Herculanum, sous 16 mètres de lave, et d'autres localités proches ont été affectées. En fait, il n'y a pas eu de destructions massives. Les toits se sont effondrés sous le poids des cendres, mais les murs ont résisté. La ville de Pompéi a été rayée de la carte en raison d'une accumulation de cendres brûlantes irrespirables, qui ont tué les habitants et les animaux, mais qui ont épargné les maisons et les monuments. Herculanum a été envahie par une coulée pyroclastique qui, en se solidifiant, a préservé intacts de nombreux meubles et autres accessoires domestiques.
La catastrophe est rapportée par plusieurs sources, notamment grâce à deux lettres de Pline le Jeune à Tacite, écrites 25 ans après l'éruption du Vésuve. C'est lors de ces événements tragiques que Pline l'Ancien, trouva la mort.
Pline l'Ancien (23-79), image empruntée
ici
Tout s'est passé à la vitesse de l'éclair. En l'espace d'une heure, Pompéi est recouverte d'un énorme nuage de cendres dont la forme ressemblait à celle d'un pin parasol. Puis, ces cendres se transforment en nuées ardentes qui fondent sur la ville meurtrie. Quelques heures plus tard, une coulée de lave dévale sur Pompéi.
En seulement 24 heures, l'éruption fait des milliers de victimes. Environ 1400 corps ont été décomptés sur une population estimée entre 10 000 et 15 000 habitants. Il est probable que nombreux sont ceux qui ont eu le temps de fuir. Toutefois, un nombre important de corps a été découvert à l'extérieur de la ville. Il s'agit vraisemblablement d'habitants qui ont fui au matin du deuxième jour et qui ont été emportés par les nuées ardentes.
Les fouilles
Édouard Sain, Fouilles à Pompéi, 1865
Au lendemain de la catastrophe, l'empereur Titus envoya une commission chargée de venir en aide aux survivants et de reconstruire la ville de Stabies. On récupéra sous les cendres des statues et autres objets de culte. Quelques survivants cherchèrent leurs proches. Finalement la ville fut nivelée et la ville de Pompéi fut oubliée.
Il faudra attendre 1584 pour que l'on découvre les lieux grâce aux excavations entreprises par Domenico Fontana.
Et ensuite, plus rien pendant plus d'un siècle.
En 1738, Le roi de Naples engagea des fouilles à Herculanum et rassembla une impressionnante collection d'antiquités. La ville de Stabies fut découverte en 1749 et les objets s'accumulèrent au Palais de Portici.
À partir de 1754, les fouilles devinrent régulières et on exhuma des objets précieux. Rien de scientifique dans ces fouilles qui relevaient plutôt de l'appât du gain sans se soucier de la richesse historique des lieux.
De 1808 à 1815, Joachim Murat, roi de Naples, et la reine Caroline, sœur de Napoléon, firent dégager la muraille limitant la ville, constituant ainsi une première géographie des lieux.
Durant l'époque romantique, Pompéi fut intégrée au "Grand Tour" et de nombreux artistes et gens de lettres se passionnèrent pour la ville ensevelie.
Guiseppe Fiorelli, 1823-1896, image empruntée
ici
L'archéologie moderne vit le jour en 1860 grâce au travaux de Guiseppe Fiorelli qui tint un journal de fouilles détaillé et dressa un plan de la ville qu'il divisa en régions et en îlots. Il fut également à l'initiative de la technique du moulage qui permit de redonner forme et volume aux victimes à partir des empreintes laissées par leur corps sur la cendre durcie.
Au fil des ans se succédèrent des découvertes exceptionnelles, notamment celle de la villa des Mystères entre 1893 et 1901.
De 1924 à 1961, la direction des fouilles fut confiée à Amedeo Maiuru qui instaura une politique de conservation méticuleuse destinée à constituer un patrimoine accessible à tous.
Ainsi, les chercheurs et les archéologues se confrontèrent à un double défi : mettre au jour des édifices et veiller à leur conservation.
Depuis 1997, Pompéi est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. À la suite de pluies torrentielles en 2010, plusieurs vestiges s'effondrèrent, notamment la Maison des gladiateurs et la Maison du moraliste. L'année suivante, l'Unesco et l'Italie s'engagèrent à collaborer dans le but de restaurer les sites archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata.
En mars 2012, fut lancé le "Grand Projet Pompéi" estimé à 105 millions d'euros dont 41, 8 millions venant de l'Union européenne. Ce projet avait pour objectif de restaurer des maisons endommagées et à créer un système de drainage destiné à protéger les ruines des effets néfastes de l'humidité. Ce grand projet permit de mettre au jour de nouveaux vestiges, des objets du quotidien et de magnifiques fresques.
La découverte de Pompéi est une entreprise jamais achevée, toujours en devenir malgré les aléas, les conflits, les pillages et, parfois, l'ignorance.