UTILE À SAVOIR


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dimanche 5 mai 2024

MA PASSION POMPÉI

 

En effet, rien ne meurt, tout existe toujours, nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois. Toute action, toute parole, toute forme, toute pensée tombe dans l'océan universel des choses, y produit des cercles qui vont s'élargissant jusqu'aux confins de l'éternité. La figuration matérielle ne disparaît que pour les regards vulgaires et les spectres qui s'en détachent jusqu'aux confins de l'éternité. 

Théophile Gautier, Arria Marcella, Souvenir de Pompéi, présentation et notes de Bernard Auzanneau, Paris, Librairie générale française, 1994. 







Vous connaissez ce visage, vous l'avez vu maintes fois sur la page de couverture de divers magazines relatant la catastrophe de Pompéi ou pour illustrer la splendeur des fresques retrouvées au fil des ans.
Le regard de cette jeune femme nous captive et nous interroge au-delà des siècles. 
Nous plongeons dans ses pensées tandis qu'elle s'apprête à inscrire un mot, une phrase à l'aide de son stylet. Le geste est arrêté, suspendu pour l'éternité. 
Au XIXe siècle, les chercheurs et autres savants y voyaient une représentation de la poétesse grecque Sappho de Lesbos. De nos jours, les historiens s'accordent à penser qu'il s'agit d'une jeune femme éduquée appartenant aux classes privilégiées. C'est une belle inconnue et c'est mieux ainsi. Le mystère lui sied, et nous ravit.
Ce portrait a été découvert en 1760. Il a été détaché d'une fresque beaucoup plus grande pour être ensuite conservé au musée archéologique national de Naples. 

Une ville, une légende


Lucas Cranach l'Ancien, Hercule et les bœufs de Géryon,1537
 image empruntée ici


Au commencement, c'est la figure d'Hercule (Héraclès) qu'il convient de convoquer. Son dixième taf consistait à se défaire de Géryon et de s'approprier son troupeau de bœufs. Ce n'était pas une mince affaire. Géryon n'était pas gâté; il avait trois têtes, six mains, trois corps réunis à la taille et sa force était légendaire. Il possédait un troupeau de bœufs rouges gardés par un molosse à deux têtes, Orthros et un dragon à sept gueules. Rien que ça. 
Dire qu'Hercule n'en fit qu'une bouchée est sûrement exagéré, mais il triompha de ce trio maléfique grâce à ses muscles et à son intelligence. Rentré à Rome, il se reposa et partit pour la baie de Naples. Et là, il se défit des Géants qui s'étaient rebellés contre les dieux de l'Olympe. Pas malins, les Géants. 
Quant à Hercule, il fonda deux cités. Quelque peu vaniteux, il nomma la première, Herculanum et, à la seconde, il donna le nom de la procession célébrant sa victoire sur le vilain Géryon, à savoir, Pompéi du grec pompe (latin, pompa).

Une autre étymologie est parfois proposée. Pompéi viendrait d'un terme oscan (proche du latin) signifiant cinq. Ainsi,  Pompéi serait née de l'union de cinq villages différents. 

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je préfère la première version, plus glorieuse et digne de Steve Reeves, le non moins légendaire culturiste qui incarna Hercule dans les années 50 et 60. 


La catastrophe


Pompéi. Cité immortelle, Musée de la civilisation, image empruntée ici

Pendant longtemps la date de la catastrophe a été fixée au 24 août 79. De récentes études entreprises par l'archéologue Grete Stefani privilégient la date du 24 octobre 79 en raison d'indices concordants : découverte de vin fraîchement pressé, vases de fermentation du vin scellés, fruits d'été séchés,  vêtements chauds portés par les victimes. Cette date a été confirmée  par la découverte d'une inscription figurant sur le mur d'une maison mise au jour en 2018. En effet, au bas d'un graffiti au fusain, figure une date qui correspond au seizième jour avant les calendes de novembre, soit le 17 octobre 79. De toute évidence, l'éruption n'a pas eu lieu en août. 



Le Monde, 16 octobre 2018, image empruntée ici

L'éruption du Vésuve a englouti Pompéi sous 7 mètres de cendres volcaniques, et le port d'Herculanum, sous 16 mètres de lave, et d'autres localités proches ont été affectées. En fait, il n'y a pas eu de destructions massives. Les toits se sont effondrés sous le poids des cendres, mais les murs ont résisté. La ville de Pompéi a été rayée de la carte en raison d'une accumulation de cendres brûlantes irrespirables, qui ont tué les habitants et les animaux, mais qui ont épargné les maisons et les monuments. Herculanum a été envahie par une coulée pyroclastique qui, en se solidifiant, a préservé intacts de nombreux meubles et autres accessoires domestiques. 

La catastrophe est rapportée par plusieurs sources, notamment grâce à deux lettres de Pline le Jeune à Tacite, écrites 25 ans après l'éruption du Vésuve. C'est lors de ces événements tragiques que Pline l'Ancien, trouva la mort. 

Pline l'Ancien (23-79), image empruntée ici



Tout s'est passé à la vitesse de l'éclair. En l'espace d'une heure, Pompéi est recouverte d'un énorme nuage de cendres dont la forme ressemblait à celle d'un pin parasol. Puis, ces cendres se transforment en nuées ardentes qui fondent sur la ville meurtrie. Quelques heures plus tard, une coulée de lave dévale sur Pompéi. 
En seulement 24 heures, l'éruption fait des milliers de victimes. Environ 1400 corps ont été décomptés sur une population estimée entre 10 000 et 15 000 habitants. Il est probable que nombreux sont ceux qui ont eu le temps de fuir. Toutefois, un nombre important de corps a été découvert à l'extérieur de la ville. Il s'agit vraisemblablement d'habitants qui ont fui au matin du deuxième jour et qui ont été emportés par les nuées ardentes. 

Les fouilles


Édouard Sain, Fouilles à Pompéi, 1865
Image empruntée ici


Au lendemain de la catastrophe, l'empereur Titus envoya une commission chargée de venir en aide aux survivants et de reconstruire la ville de Stabies. On récupéra sous les cendres des statues et autres objets de culte. Quelques survivants cherchèrent leurs proches. Finalement la ville fut nivelée et la ville de Pompéi fut oubliée.  
Il faudra attendre 1584 pour que l'on découvre les lieux grâce aux excavations entreprises par Domenico Fontana. 
Et ensuite, plus rien pendant plus d'un siècle. 

En 1738, Le roi de Naples engagea des fouilles à Herculanum et rassembla une impressionnante collection d'antiquités. La ville de Stabies fut découverte en 1749 et les objets s'accumulèrent au Palais de Portici.
À partir de 1754, les fouilles devinrent régulières et on exhuma des objets précieux. Rien de scientifique dans ces fouilles qui relevaient plutôt de l'appât du gain sans se soucier de la richesse historique des lieux. 
De 1808 à 1815, Joachim Murat, roi de Naples, et la reine Caroline, sœur de Napoléon, firent dégager la muraille limitant la ville, constituant ainsi une première géographie des lieux. 
Durant l'époque romantique, Pompéi fut  intégrée au "Grand Tour" et de nombreux artistes et gens de lettres se passionnèrent pour la ville ensevelie. 


Guiseppe Fiorelli, 1823-1896,  image empruntée ici

L'archéologie moderne vit le jour en 1860 grâce au travaux de Guiseppe Fiorelli qui tint un journal de fouilles détaillé et dressa un plan de la ville qu'il divisa en régions et en îlots. Il fut également à l'initiative de la technique du moulage qui permit de redonner forme et volume aux victimes à partir des empreintes laissées par leur corps sur la cendre durcie. 

Au fil des ans se succédèrent des découvertes exceptionnelles, notamment celle de la villa des Mystères entre 1893 et 1901. 
De 1924 à 1961, la direction des fouilles fut confiée à Amedeo Maiuru qui instaura une politique de conservation méticuleuse destinée à constituer un patrimoine accessible à tous. 
Ainsi, les chercheurs et les archéologues se confrontèrent à un double défi : mettre au jour des édifices et veiller à leur conservation. 

Depuis 1997, Pompéi est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. À la suite de pluies torrentielles en 2010, plusieurs vestiges s'effondrèrent, notamment la Maison des gladiateurs et la Maison du moraliste. L'année suivante, l'Unesco et l'Italie s'engagèrent à collaborer dans le but de restaurer les sites archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata.

En mars 2012, fut lancé le "Grand Projet Pompéi" estimé à 105 millions d'euros dont 41, 8 millions venant de l'Union européenne. Ce projet avait pour objectif de restaurer des maisons endommagées et à créer un système de drainage destiné à protéger les ruines des effets néfastes de l'humidité. Ce grand projet permit de mettre au jour de nouveaux vestiges, des objets du quotidien et de magnifiques fresques.  
La découverte de Pompéi est une entreprise jamais achevée, toujours en devenir malgré les aléas, les conflits, les pillages et, parfois, l'ignorance. 

La colère du volcan


Robert S. Duncanson, Le Vésuve et Pompéi, 1870
Image empruntée ici




Jacob More, L'éruption du Vésuve, 1780
Image empruntée ici


Le volcan régnait sur la cité. Il sommeillait tel un dieu repu et soudain, il se réveilla. Cela lui arrivait de temps en temps ; la dernière fois, c'était en 62 après Jésus-Christ et la ville en portait encore les stigmates. 

La colère du volcan n'est pas véritablement soudaine. Il grogne, il fait trembler la terre et soudain, il explose et c'est la catastrophe. La pensée de la catastrophe vient d'une conception très ancienne. Dans le théâtre grec, elle est la dernière des cinq parties de la tragédie. Elle signifie à la fois un bouleversement et un dénouement, une apothéose finale. Elle induit crainte et fascination. Et puis le volcan rejoint les bras de Morphée pour quelques années ou pour des siècles. Les habitants alentour le vénèrent car il rend la terre fertile. Le dieu volcan a plus d'un tour dans son sac.

Le volcan appartient au monde des mythes. Il contient dans sa fureur, la force explosive des quatre éléments. Le volcan puise ses forces dans les entrailles de la terre ; il crache le feu en direction du ciel ; il s'écoule en un fleuve de lave ; il provoque des tremblements de terre ; il donne naissance aux raz de marée qui submergent les villes côtières. 

La catastrophe de Pompéi vue par les peintres
(Fin du 18e et première moitié du 19e siècle)



Hubert Robert, Ruines d'un bain romain avec lavandières, 1766, image empruntée ici 

C'est à la fin du XVIIIe siècle que les peintres et graveurs s'emparent du sujet. Les fouilles entreprises, l'intérêt pour la poétique des ruines, notamment représentée par la peinture d'Hubert Robert (1733-1808), la mode du Grand Tour, font de Pompéi un site privilégié pour les artistes. 

Il y a donc tout d'abord des tableaux qui "revisitent" la catastrophe de 79. Ce sont des œuvres grandioses qui sont le reflet de l'imaginaire de l'époque. Elles ne sont pas et ne peuvent pas être réalistes. La réalité du fait n'est pas accessible, c'est une transfiguration. Au premier plan, on remarque souvent la présence de Pline l'Ancien dont la mort ajoute au tragique de la représentation. 


Pierre-Henri de Valenciennes, Éruption du Vésuve arrivée le 24 août de l'an 79, 1813.
Image empruntée ici

Pierre-Henri de Valenciennes assista à l'éruption du Vésuve de 1779. Il s'en inspira pour recréer la catastrophe de 79. On note la présence de Pline l'Ancien agonisant sur la plage des Stabies. Le volcan, en arrière-plan, crache le feu et provoque une tempête de nuages apocalyptique. La terre est secouée et un temple s'effondre. C'est un commentaire sur l'impuissance de l'homme face à la furie des éléments. L'artiste cherche à représenter l'inexprimable; il ne s'agit pas de peindre la beauté d'un paysage, mais plutôt d'appréhender la notion de sublime faite de crainte et de fascination. 



Karl Briouloff, Le dernier jour de Pompéi, 1833
Image empruntée ici

Le tableau le plus emblématique est celui de Karl Briouloff, Le dernier jour de Pompéi au dimensions monumentales, 456,5 x 651 cm. 

Karl Briouloff, peintre russe, visite Pompéi en 1827. Il exécute des croquis où il met en scène l'éruption du Vésuve. C'est à l'occasion de ce voyage qu'il décide de peindre une grande toile consacrée à la destruction de Pompéi. Le commanditaire sera le prince Anatole Demidoff. Il faudra six années à Karl Briouloff pour mener à bien le projet. Le tableau est organisé autour de deux pôles. D'une part, en arrière plan, le Vésuve,  représenté par une masse noire crachant un ciel de feu et, d'autre part, au premier plan, une foule d'habitants qui fuient la cité sous une pluie de ponces, les mains encombrées de trésors. Une famille avec deux petits enfants tente d'échapper à la colère du volcan. Une femme est morte en tombant d'un char et l'enfant qui l'accompagnait a survécu ; il embrasse sa mère, empli de désespoir. La mise en scène rappelle celle du Radeau de la Méduse de Géricault. 
Le tableau n'a pas été apprécié par l'aristocratie en raison de la présence de nobles qui fuient les mains pleines. En revanche, le tableau a rencontré un grand succès public. 

Le XIXe siècle est par ailleurs un siècle d'intenses activités volcaniques qui ont nourri l'imaginaire des artistes. Ce sont des représentations qui illustrent des éruptions de l'époque ; elles font écho à celles de 79 à Pompéi. Ces peintures sont de facture classique, théâtralisées et agrémentées de spectaculaires clairs-obscurs ; elles inspireront plus tard les réalisateurs de Péplums. 



Pierre-Jacques Volaire, L'éruption du Vésuve, 14 mai 1771, Image empruntée ici


Pierre-Jacques Volaire s'est installé à Naples en 1776. Il se spécialise dans la représentation du Vésuve en éruption. Naples est alors une étape incontournable du Grand Tour. Les Anglais, les Français, les Allemands et les Russes constituent l'essentiel de la clientèle du peintre. Il peint le volcan sous tous les angles en variant les formats, ce qui constitue une sorte de reportage avant la lettre. L'éruption est un spectacle que le "regardeur" partage avec de minuscules silhouettes qui soulignent la présence à la fois fascinante et redoutable du monstre de feu. 


Pietro Fabris, l'éruption du Vésuve en 1776, Image empruntée ici

Pietro Fabris était un peintre anglais d'origine italienne. Il a marqué la peinture de son temps par sa maîtrise de la gouache. Il s'est établi à Naples où il s'est constitué une clientèle qui appréciait ses paysages et autres tableaux de genre. Il était le peintre préféré de Sir William Hamilton, consul britannique à Naples et passionné de géologie. Sir William a proposé à Pietro Fabris de l'accompagner dans ses voyages d'étude des volcans afin d'illustrer un livre sur la zone volcanique autour du Vésuve. 
La vigueur du travail de Fabris est saisissante et d'une originalité intemporelle. 


Joseph Mallord William Turner, l'Éruption du Vésuve, 1817
Image empruntée ici

Turner s'est rendu à Naples et a fait l'ascension du Vésuve en 1819. Toutefois, il n'a jamais été témoin d'une éruption et cette aquarelle a été réalisée bien avant son voyage à Naples. Cette œuvre est de toute évidence dans la continuité de ses recherches sur la notion de sublime. Toutefois, cela souligne également son intérêt pour les avancées scientifiques de son époque dans le domaine de la géologie. La luminosité de cette aquarelle que vient renforcer le mouvement en spirale d'un ciel embrasé sont la marque d'une approche esthétique reconnaissable entre toutes. Cette aquarelle est à rapprocher de l'huile qu'il réalisa en 1815 à la suite de l'éruption du volcan de la Soufrière en 1812. 



Joseph Mallord William Turner, L'éruption du Volcan de la Soufrière
 sur l'île Saint-Vincent, le 30 avril 1812, 1815.
Image empruntée ici

Mes indispensables

Les deux lettres écrites par Pline le Jeune à Tacite constituent des textes fondateurs. L'extrait ci-dessous rend compte  d'une vision d'apocalypse. 

Quelques temps plus tard, le nuage s'abattit sur la terre, recouvrit la mer : l'île de Capri, complètement prise, n'était plus visible ; le cap Misène disparut à son tour (...) la cendre n'est pas encore très dense. Je regarde derrière moi : un épais brouillard arrive sur nous, courant au ras du sol comme un torrent. Je dis : "Mettons-nous sur le côté pendant qu'on y voit encore pour éviter que la foule qui nous suit nous écrase dans le noir si nous restons sur la route."
À peine étions-nous assis que nous nous trouvions dans une obscurité totale, pire que par une nuit sans lune ou par temps couvert ; il faisait aussi noir que dans une pièce sans fenêtres, lumière éteinte. On entendait le hurlement des femmes, les pleurs des petits enfants, les cris des hommes. On s'appelait, on essayait de reconnaître un parent, un enfant, un conjoint d'après sa voix. Les uns se lamentaient sur leur sort, les autres sur le sort des leurs. Certains appelaient la mort qu'ils redoutaient. Beaucoup suppliaient les dieux, mais la plupart disaient que les dieux n'existaient plus et que la nuit qui s'abattait sur le monde était la dernière et serait éternelle. 

Pline le Jeune, Lettre XX, à Tacite.



Les éditions Taschen ont eu l'excellente idée de proposer à nouveau l'ouvrage essentiel des frères Fausto et Felice Niccolini, Maisons et Monuments de Pompéi, initialement à la vente en 2022.
Cette somme a été publiée entre 1854 et 1895 à Naples. Les deux frères (chercheurs et archéologues) ont collaboré étroitement avec Guiseppe Forelli. Ils ont eu recours à récente découverte de la lithographie en couleur (1837). 
Ils ont fait l'inventaire minutieux des bâtiments, des fresques, des statues, des objets du quotidien afin de redonner vie à cette cité au destin si fascinant. 
C'est un ouvrage riche de 400 pages, une éblouissante célébration de la ville dévastée par l'éruption du Vésuve. On y découvre des vues des ruines, des cartes, des plans et de magnifiques représentations des villas et des fresques. Les objets sont également restitués avec une finesse où se mêlent réalisme et poésie. 
Également stupéfiantes sont les restitutions de scènes imaginées par les frères Niccolini. Les personnages émergent du passé dans un décor aux couleurs somptueuses. Ce sont des images dignes des expositions immersives que l'on peut admirer de nos jours. 



© Taschen




© Taschen


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Il s'agit ici d'un ouvrage de référence essentiel. Voici un extrait de l'avant-propos de l'auteur : 

Dix années passées à fouiller et à étudier en divers points de la ville de Pompéi m'ont convaincu de la nécessité d'écrire un récit sur l'histoire de la cité qui permette de rassembler les innombrables fragments d'informations et les multiples observations récoltées. À force de tirer des vestiges du sous-sol, à force de scruter les maçonneries, d'emprunter les rues, de circuler dans les maisons et les tombes, il devenait urgent de voir quelle trame historique ces multiples fragments permettaient de restituer. (...) Ce livre n'est pas seulement une histoire de Pompéi ; le lecteur y trouvera les discussions les plus récentes sur la naissance de la ville, son évolution, son organisation politique et religieuse jusqu'à sa disparition en 79 après J.-C. On le voit, l'angle privilégié n'est pas celui d'une énième vie quotidienne chimérique, mais celui d'une histoire de la cité sur la longue durée qui prend naissance dans les brumes de la mythologie méditerranéenne et de l'archéologie stratigraphique. 

William Van Andringa, Pompéi, Mythologie et histoire, CNRS Éditions, 2013. 




C'est à l'occasion de la présentation à Milan du tableau de Karl Brioullof, Le Dernier Jour de Pompéi en 1833, que Edward Bulwer-Lytton a eu l'idée d'écrire le roman de cette catastrophe publié en 1834. 
Voici la présentation de l'édition de 1989 par Claude Aziza :

"Le jour se changea en nuit, et la lumière en obscurité : en quantité inexprimable poussières et cendres jaillirent, inondant la terre, la mer, et l'air même, ensevelissant deux cités entières, Herculanum et Pompéi, pendant que les habitants étaient au théâtre, assis." C'est ainsi que l'historien Dion Cassius résume l'une des plus grandes catastrophes de l'Antiquité. Une promenade dans les rues des deux cités mortes permet d'imaginer, comme si le temps s'était arrêté, une foule bruyante et colorée d'hommes et de femmes affairés, des jeux et des spectacles, enfin tout ce qui faisait le bonheur de vivre dans cette Campanie du premier siècle de notre ère. Ce sont ces paysages, ces ruines ensoleillées, ces corps figés dans leur carapace de boue qui ont inspiré au Baron Edward George Bulwer-Lytton (1803-1873), romancier et homme d'état britannique, le plus célèbre roman du XIXe siècle sur le monde romain : Les Derniers Jours de Pompéi. Rien n'y manque de ce qui fait le charme des romans de feu et de passion : un héros jeune et beau, une pure héroïne, une amante jalouse, un traître aux noirs desseins. Et, menace permanente surplombant la cité, le Vésuve dont les flancs annoncent par quelques sourds grondements la catastrophe finale. Les Derniers Jours de Pompéi est le meilleur guide qui soit pour visiter la cité disparue. Et pour y rêver. 

Édition et présentation,  Le Livre de Poche, (1989).


Il s'agit ici d'une anthologie composée et présentée par Claude Aziza. C'est une promenade sur les pas d'Alexandre Dumas, de Théophile Gautier, de Wilhelm Jensen, Gérard de Nerval, Stendhal, Taine, Mme de Staël et d'autres moins connus tels que Charles de Brosses ou le poète Corbière. Conçue pour de jeunes lecteurs, cette édition est un excellent voyage littéraire dans une "Pompéi de rêve" et un formidable outil pédagogique. 





La Gradiva est une "novella" écrite par l'écrivain allemand, Wilhelm Jenssen et publiée en 1903.

En voici l'argument : Norbert Hanold, professeur d'archéologie, tombe éperdument amoureux de la représentation sur un bas-relief d'une jeune noble romaine morte il y a 2000 ans. Il est fasciné par la démarche gracieuse de la jeune femme. Il se procure un moulage du bas-relief et l'accroche dans son bureau en Allemagne. Il la contemple chaque jour et devient obsédé par le mouvement élégant de son pied. C'est ainsi qu'il la surnomme Gradiva, "celle qui marche en avant". Il lui invente une vie à Pompéi. Peu de temps après, il fait un cauchemar au cours duquel il croise Gradiva précisément le jour de la catastrophe. Il ne peut la sauver et assiste à sa mort. À son réveil, il croit apercevoir de sa fenêtre une jeune femme dont la démarche est identique à celle de Gradiva. Il décide subitement de se rendre à Pompéi et suit les déambulations d'une jeune femme, copie conforme de Gradiva. 
Je vous laisse découvrir la fin de cette histoire qui me rappelle les déambulations de Scottie suivant Madeleine dans Vertigo, d'Alfred Hitchcock (1958). 







La Gradiva doit une grande partie de sa notoriété au travail d'analyse entrepris par Sigmund Freud : 

Il s'agit du premier essai que Freud consacre à une étude d'une œuvre littéraire, et celui-ci sera suivi par d'autres consacrés aussi bien à la littérature qu'aux arts plastiques, inaugurant ce qu'on appelle aujourd'hui la psychanalyse appliquée. Avec cet ouvrage publié en 1907, Freud cherche à élargir son public, avec l'espoir d'y trouver un accueil plus favorable, en montrant qu'une œuvre littéraire comme La Gradiva confirme nombre de ses observations cliniques. Cette nouvelle se prête particulièrement bien à la démonstration, car les aventures que le héros, l'archéologue Hanold, vit à travers ses rêves et ses délires peuvent se lire comme s'il s'agissait de l'évolution d'un cas clinique tel qu'un psychanalyste pourrait l'observer chez un patient. Par ailleurs, on est frappé par l'analogie entre la démarche que poursuit Hanold tout au long du récit, et le travail d'investigation dans les strates de l'inconscient que poursuit le psychanalyste, travail souvent comparé par Freud à celui de l'archéologue. 

 Lire Freud, Jean-Michel Quinodoz, 2004.

J'en ai terminé avec ce premier opus d'une recherche consacrée à Pompéi. Je suis en train de préparer un second opus consacré à mes recherches personnelles faites de pastels et de collages. Promis, il y aura davantage d'images que de texte. 



Et une dernière image pour la route... 


John William Godward, Contemplation, 1922. 


Je tiens à remercier Jean-Pierre Dubois, au savoir encyclopédique, pour son aide précieuse.