Au-delà du réel
Je ne sais pas si le réel m'échappe ou si j'échappe au réel. J'ai besoin de me perdre dans les méandres de quelque rêve labyrinthique. Je me lance des défis, j'essaie de ne pas reproduire les mêmes compositions et pourtant j'y reviens inlassablement, à mon corps défendant.
Lorsque je me sens ligoté, je me rebelle, je me cabre. Alors j'ai recours à une technique différente pour "voir" différemment. J'introduis des éléments insolites, je change de format, j'opte pour de nouvelles couleurs. Tout est bon pour me libérer de mes thèmes et formes obsessionnels. Mais, à la fin des fins, il me faut bien me résoudre à l'évidence, je reste prisonnier des contraintes que je m'impose à moi-même. Et c'est au moment où je fais ce constat que je trouve la liberté. C'est une liberté de solitude et de méditation. Elle repose sur l'improvisation et elle est fréquemment soutenue par la musique de Bach. La surprise est toujours au détour du chemin, l'erreur me guide vers des territoires inconnus, hors de ma zone de confort. Ma main hésite, mon cerveau ne sait plus trop où il est. Soudain, une forme émerge et je sais qu'elle est juste, entre équilibre et déséquilibre.
Parfois, pas trop souvent, heureusement, le cerveau et la main se mélangent les pinceaux. J'ai beau coller, décoller, recoller, découper, rien n'y fait. Alors, pas la peine de tourner autour du pot ; il me faut agir. D'un geste rageur, je déchire le tout et le collage en miettes va rejoindre les papiers épars qui peuplent ma poubelle. C'est un geste de frustration, mais c'est surtout une délivrance. Dans la foulée, je commence un nouveau collage et ce n'est possible que si je ne vois plus le fauteur de troubles. La valse des papiers peut alors reprendre dans le tourbillon de mes interrogations. Sans cesse, je doute, c'est mon unique certitude. Je ne crois pas en l'inspiration. Je préfère travailler en apnée. Cette vision romantique de l'artiste m'agace.
Se laisser aller à ses envies
Je fonctionne également selon mes envies. Ainsi, lorsque je me suis lancé dans cette aventure pompéenne, le pastel sec s'est imposé à moi. Vous le savez certainement, le pastel sec, ce n'est pas à mettre entre toutes les mains. Ça vole, ça s'incruste et il ne faut pas se rater. Pour ce projet, je n'ai pas pris de risques inutiles, j'ai utilisé le pastel sec pour les fonds. Un nouvel obstacle s'est alors dressé devant moi. Mes mains ne savaient plus sur quel pied danser lorsque le papier refusa d'épouser le pastel. Coller sur du pastel, c'est loin d'être une mince affaire. Bon, j'y suis parvenu – je ne vous dirai pas comment, faut pas exagérer.
Avec tout ça, j'allais oublier de mentionner le velouté du pastel et son l'infinie variété de couleurs. La couleur du pastel conserve son éclat avec le temps. Bon, le temps c'est quand même pas ma priorité, faut rester modeste et réaliste.
Pour donner davantage de stabilité au pastel, on utilise un fixatif. Cela évite à la poudre de se disperser malencontreusement, mais cela affecte les couleurs qui deviennent légèrement plus sombres. Il y a donc deux écoles, avec fixatif et sans fixatif. Je n'ai pas d'opinion tranchée là-dessus.
Quant au stockage, je n'ai rien trouvé de mieux que le papier calque où les collages-pastels pourront dormir en toute quiétude dans leur carton à dessin.
Quelques pastels au gré de ma fantaisie
Je n'aurai pas l'outrecuidance de commenter mon travail. J'ai opté pour un format 30 X 40 cm la plupart du temps et toutes les "œuvres" ont été réalisées entre avril et juin 2024.
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