« L’art n’est pas une vision ni un reflet de la réalité de la vie, il est une réponse à la réalité. » Tadeusz Kantor
La pente de la rêverie 3, 130 x 130 cm, 2016.
© Anne Slacik, DR. Image empruntée ici
« La peinture continue. La peinture n’en a jamais fini. Nous n’en avons jamais fini avec la peinture. Elle est. Elle s’ouvre aussi à ce qu’elle n’est pas encore. Elle s’infinit. Il s’agit pour l’artiste et le regardeur de peindre encore, de faire et défaire la peinture, nouer et dénouer la lumière et les couleurs. Une épiphanie. Ce qui reste à peindre, ce qui vient. »
Jean-Gabriel Cosculluela, janvier 2020 - Catalogue numérique de l’exposition, Les couleurs du blanc, Peintures 2009-2020, Galerie Papiers d’Art, 2020.
Anne Slacik
Anne Slacik est née en 1959 à Narbonne. Elle vit et travaille à Saint-Denis et dans le Gard. Elle a obtenu le prix de peinture de la Fondation Fénéon en 1991.
Depuis 1981 de nombreuses expositions personnelles ont été consacrées à son travail, notamment au Centre d’Art de Gennevilliers, au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, à la Bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes, au Musée Pierre-André Benoit d’Alès, à la Bibliothèque Municipale de Strasbourg, au Musée de Gap, au Musée Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine et au Musée de Melun en région parisienne.
En 2012, le Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis, associé au Château-musée du Cayla dans le Tarn a consacré une grande exposition à son travail avec l’édition d’une monographie, accompagnée de textes de Bernard Noël chez IAC-Ceysson.
En 2013, expositions personnelles au Musée Ingres à Montauban, au Musée Rimbaud à Charleville-Mézières et au Musée de l’Ardenne, ainsi qu’à la galerie Julio Gonzalez à Arcueil.
En 2014, la Bibliothèque Forney, bibliothèque historique de la Ville de Paris a présenté ses livres peints et un ensemble de toiles.
En 2015, sept lieux d’expositions dans les Yvelines dont le Musée National de Port-Royal des Champs, se sont réunis pour présenter différents aspects de son travail. À cette occasion, une nouvelle monographie a été éditée chez IAC-Ceysson.
En 2016 et 2017, son travail a été exposé à la Maison Victor Hugo à Paris dans le cadre de l’exposition, « La Pente de la rêverie » et a fait l’objet d’une exposition personnelle au Musée de Périgueux.
En 2018, le Musée Paul Valéry de Sète a organisé une exposition de son travail, Petits Poèmes Abstraits, où ont été exposés de grandes peintures et des livres peints.
En 2019, exposition de grandes peintures, L’eau et les rêves, au Centre d’Art Contemporain de Bédarieux et la même année, la Bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes, a exposé l’installation, « Excepté peut-être une constellation », à l’occasion de l’acquisition de la collection des 130 livres manuscrits-peints. »
En octobre 2020 – mars 2021, Le Manoir Michel Butor à Lucinges exposera « La Bohème est au bord de la mer – Peintures et livres peints »
Son travail est représenté par la galerie Convergences et la galerie Papiers d’Art à Paris, la galerie HCE à Saint-Denis, la galerie Artenostrum à Dieulefit, la galerie Samira Cambie à Montpellier, la galerie Adoue de Nabias à Nîmes, la galerie La Manufacture à La Rochelle, et la galerie Monos Art Gallery à Liège en Belgique. Ces galeries lui consacrent régulièrement des expositions personnelles. La librairie Artbiblio à Paris représente ses livres peints.
Source : Catalogue numérique de l’exposition, Les couleurs du blanc, Peintures 2009-2020, Galerie Papiers d’Art, 2020.
Une immersion addictive
Je n’en ai jamais fini de m’immerger dans la peinture d’Anne Slacik. C’est une immersion addictive. On ne rencontre jamais la satiété. Je me souviens de ce coup de foudre inaugural. Je m’étais rendu à la galerie Matarasso à Nice et mes yeux se sont posés sur une toute petite œuvre d’Anne Slacik. Je ne sais plus si c’était une huile ou une aquarelle – une huile qui ressemblait à une aquarelle ou une aquarelle qui ressemblait à une huile. Le bleu dominait. Mes yeux ne pouvaient s’en détacher… Le nom de l’artiste m’est resté en mémoire et j’ai suivi son travail au gré de ses expositions ici, là et ailleurs grâce à la Toile. La technologie nous permet désormais de voyager d’une toile l’autre. Nous devenons des nageurs en apnée dans les aquariums que sont les écrans de nos ordinateurs.
L'eau et les rêves 5, 175 x 175 cm, 2013.
© Anne Slacik DR. Image empruntée ici
Vous l’aurez remarqué, l’eau vient et revient au détour de mes impressions à propos du travail d’Anne Slacik. L’eau est source et achèvement, jaillissement et coulure, transparence et opacité dans une chorégraphie de couleurs qui se fondent en une matière fluide à l’instabilité magique. Cette matière a parfois le velouté des nuages dont elle est le miroir à peine déformant – sublime rencontre entre l’eau et l’air. Anne Slacik convoque Gaston Bachelard et nous fait rêver hors du temps, dans une réalité transfigurée.
Regarder est une exigence, cela ne consiste pas uniquement à voir ou à observer. Regarder, c’est se livrer corps et âme ; c’est mémoriser et garder en soi l’émotion de l’instant pour plus tard. Ce n’est pas un acte solitaire ; regarder, c’est partager en un dialogue muet avec l’artiste ; c’est aussi partager une fébrilité amoureuse avec celles et ceux dont la sensibilité rejoint la nôtre.
La Seine était verte à ton bras 2, 160 x 200 cm, 2013.
© Anne Slacik, DR. Image empruntée ici
Qu’en est-il des mots ? Comment dire la peinture sans la trahir ?
S’agit-il d’un commentaire, d’une analyse, d’impressions ? Le passage du regard à la mise en mots ne relève pas de l’évidence. Il requiert un souvenir précis de l’œuvre et de l’émotion qu’elle suscite.
Il nous faut établir une distance critique tout en sauvegardant les émotions premières. Trouver le mot juste, rendre compte de la vitalité de l’œuvre et l’éclairer – que de défis à relever. C’est un exercice d’humilité – le travail de l’artiste doit être privilégié, le mot doit rester au service de l’œuvre. Une telle entreprise est toujours une prise de risque vis-à-vis des lectrices et des lecteurs. Que dire du regard de l’artiste sur le texte enfin composé ? L’analyse du regardeur correspond-t-elle à l’intention de l’artiste ? Est-ce dénaturer l’œuvre que de vouloir l’analyser ? J’aime bien l’idée d’un « regardeur-éclaireur ».
La matière et la couleur
Le réveil profond, 180 x 212 cm, 2013.
© Anne Slacik, DR. Image empruntée ici
Anne Slacik caresse les couleurs sur la toile. Elle fait vibrer l'effervescence de ses couleurs favorites - le bleu, le pourpre, le vert, le jaune, en jouant sur des nuances ténues que viennent rehausser des traces d'un blanc souvent cotonneux. La caresse est généreuse et ferme. Le geste de l'artiste fait corps avec la matière en mouvement. Une volonté intérieure nourrit ce travail complexe car il relève de ce qu'Olivier Debré appelait une nécessité intérieure.
Giorgione, 180 x 180 cm, 2009.
© Anne Slacik, DR. Image empruntée ici
Mallarmé III (LNB), 175 x 175 cm, 2010.
© Anne Slacik, DR. Image empruntée ici
Sa maîtrise de la densité et de la transparence insuffle une incomparable énergie à ses toiles. Ses compositions abstraites sont des célébrations de la réalité cachée des choses. C’est une « matière première » construite, réfléchie dont les traces laissées sur la toile attestent d’une mobilisation organisée de l’intuition, selon la formule de George Steiner. Ce sont des œuvres fluides qui ruissellent en une pluie de couleurs cristallisées de pigments. Chaque tableau est une illumination et une révélation qui nous emportent au fond des choses. Sa peinture à l’ampleur et l’intensité des toiles d’Olivier Debré dont elle partage une passion pour « l’abstraction fervente ». La couleur transcrit les émotions suscitées par le spectacle de la nature.
Un art décliné en séries
L'avril, série, 2010.
© Anne Slacik, DR. Images empruntées ici
Anne Slacik travaille souvent par séries autour d’un thème, d’une idée, d’une phrase, d’une citation. Les titres donnés aux expositions sont une contrainte et une évocation : Figures de l’eau, Figures de l’ombre, Figures de l’air, Les pourpres, Excepté peut-être une constellation, l’avril, Tilleul, Les jardins, La Seine était verte à ton bras, Figurations, Les couleurs du blanc, Au loin tout devient bleu…
La série n’est jamais répétition, elle se conçoit comme l’écho d’un reflet décliné en visions tactiles et colorées.
Le travail de la matière va de pair avec celui de l’espace. Anne Slacik embrasse tous les formats, du plus petit au format Cinémascope. La référence au spectacle cinématographique est particulièrement adaptée à l'immensité magnétique de ses toiles.
L'artiste impose ainsi au regardeur des avancées et des mises à distance visuelles selon que l’espace est restreint ou vaste. Détachement et absorption font partie de la découverte des vibrations secrètes de la matière. Ses grands formats, également accrochés en séries, s’imposent toutefois dans leur unicité, à la manière de Rothko. Ce sont des corps-à-corps qui s’inscrivent dans un rituel ainsi que l’explique très bien Anne Slacik :
L'artiste impose ainsi au regardeur des avancées et des mises à distance visuelles selon que l’espace est restreint ou vaste. Détachement et absorption font partie de la découverte des vibrations secrètes de la matière. Ses grands formats, également accrochés en séries, s’imposent toutefois dans leur unicité, à la manière de Rothko. Ce sont des corps-à-corps qui s’inscrivent dans un rituel ainsi que l’explique très bien Anne Slacik :
« J’aborde mes toiles d’abord dans leur construction : un carré ou un grand rectangle que je monte, sur lequel je vais tendre ma toile, puis la préparer. C’est une sorte de rituel. Puis la toile est mouillée complètement pour être dans une vraie tension et je travaille au sol, autour de la toile sans qu’aucun sens ne soit fixé. Je dépose de la couleur, pigments broyés à l’huile que je dilue avec beaucoup d’essence de térébenthine et travaille ainsi « dans la pente du tableau. »
C’est un peu la technique très ancienne des glacis successifs qui déposent la couleur et la matière dans le temps du travail. Puis la toile est redressée, retravaillée à l’huile frontalement et délavée encore à l’essence … Cela prend des semaines… ».
La lumière dans les toiles abstraites d’Anne Slacik vient de l’intérieur même de la matière. Elle palpite, elle est une intense vibration. Elle est souvent diaphane, transparente, habitée toutefois d’une vitalité secrète. Le blanc investit la couleur en traces fluides. Cette lumière ruisselle et se répand au gré de la pente du tableau. Elle suit son cours et irradie la couleur. Toujours et encore, viennent en miroir les immenses toiles d’Olivier Debré et la lumière de l’invisible célébrée par Mark Rothko. La lumière glorifie la couleur. C’est à la fois un cheminement et une rencontre dans l’espace de la toile. Statique et dynamique, la lumière orchestre notre vision de l’œuvre. La lumière est musique des sens.
Blanc 6, 120 x 80 cm, sur papier Vélin d'Arches, 2019.
Blanc 4, 76 x 56 cm, sur papier Vélin d'Arches, 2019.
@ Anne Slacik, DR.
Anne Slacik aime les mots, surtout les mots des poètes - les mots lui sont reconnaissants. Sa sensibilité s’accroche aux poèmes de Louis Aragon, Claude Royet-Journoud, Stéphane Mallarmé, Bernard Noël, Paul Valéry, Michel Butor, Adonis, Bernard Chambaz, Véronique Vassiliou, Sophie Loizeau, Paul Verlaine – cette liste est loin d’être exhaustive. Les mots absorbent la peinture, la peinture absorbe les mots sur des feuillets en accordéon qui volent tels des oiseaux. C’est, pour l’artiste, une complicité de toujours.
© Anne Slacik, DR. Exposition Jardins, février 2020.
Image empruntée ici
C’est un travail à deux voix. Anne Slacik envoie à l’auteur des feuilles vierges. Sur ce terrain de jeux, l’auteur pourra s’exprimer comme il l’entend en utilisant les outils d’écriture qui lui conviennent. Les feuillets sont retournés ensuite à l’artiste qui peint directement sur les textes en utilisant des pigments et du liant acrylique. L’osmose se fait au fil des phrases et des mots en cascades. Il s’agit là d’une démarche en phase avec la définition même de l’acte poétique. Le terme poiein signifie en grec, créer, inventer… Les livres ainsi construits sont uniques et réalisés à un nombre limité d’exemplaires. Anne Slacik travaille également avec des éditeurs à partir de textes imprimés.
© Jean-Pierre Faye, Herbe folle, herbe hors d'elle, Éditions Rémy Maure, 2008.
© Anne Slacik, DR, 2008
Image empruntée ici
© Alain Freixe, Dans l'effilé de la lumière, Éditions Rivières, 2008.
© Anne Slacik, DR, 2008
Image empruntée ici
© Anne Slacik, DR, 2008
Image empruntée ici
René Pons décrit parfaitement l’approche de l’artiste dans le catalogue d’une exposition à Alès :
« Anne Slacik prolonge ce travail d’élargissement du champ de la peinture dans de nombreux manuscrits peints, c’est-à-dire dans des espaces où elle provoque une création dans la rencontre, proposant à l’écrivain un livre vierge sur lequel elle interviendra en fonction de la proposition spatiale et textuelle de cet écrivain qui la précède dans son intervention. Cet espace, ce vide papier que sa blancheur défend, si l’écrivain joue pleinement le jeu proposé, va générer un texte écrit pour la circonstance. Ainsi va s’établir, entre l’artiste et l’écrivain, une sorte de dialectique. Il ne s’agit évidemment pas d’une illustration, mais d’une osmose entre les co-auteurs du manuscrit, l’un laissant la trace de son pinceau, l’autre de sa graphie singulière (…). L’objet ainsi obtenu n’est ni un livre, ni un tableau, mais les deux à la fois, d’où les façons multiples dont on peut le présenter. »
Anne Slacik pense en peinture, mais c’est une façon d’affirmer que son être tout entier s’engage dans l’acte, non de peindre, mais de « vivre-peindre ». (…) Les tableaux d’Anne, plus sensitifs que sensuels, semblent sentir qu’un regard se pose sur eux. Ils frémissent, se mettent en état de justifier toute impression jusqu’à la plus subtile.
Ce point de vue conduit à quelques révisions paradoxales. Il faut oser dire qu’Anne Slacik, alors que tout chez elle est couleur, n’est pas un peintre de la couleur, mais un peintre de la peinture. Ici la couleur n’est pas une sensation exclusivement visuelle. Elle est liée aux mouvements de la matière que le corps accompagne ; elle émeut d’autres sens par la façon dont elle use des pigments comme d’aromates. D’une certaine façon, la couleur alimente la peinture. C’est sans doute ce que Cézanne lui aussi recherchait quand il parlait de substituer les sensations colorantes aux sensations colorées.
Anne Slacik entrave souvent le déploiement vibratoire, le côté poudre aux yeux de la couleur par l’effumation des jaunes, le rabat des verts, le brouillage des rouges. À moins que des blancs cotonneux n’envahissent et ne dissolvent dans leur lumière la viridité d’un mouvement de l’âme. Car c’est l’être tout entier qui se sent vert quand il s’agit de peindre un brin d’herbe. (…)
Le « travail » d’Anne Slacik la met toujours en danger. Mais c’est aussi parce qu’elle s’engage tout entière que ses inquiétudes, ses souffrances, ses fragilités mais aussi ses hardiesses et ses élans fous peuvent se changer en lumière.
Maurice Benhamou, Une esthétique sensitive, préface à l’exposition d’Anne Slacik, Le Jardin Cirripède, Galerie Michèle Brouta, Paris, 2006.
@ Anne Slacik, DR. Peinture blanche, 80 x 120 cm, sur papier Vélin d'Arches, 2019.
Les livres peints ou manuscrits et peints réunissent deux actes qui par cette réunion, changent de nature ; l’écriture devient visible et la peinture lisible. Cet échange, qui n’a l’air de rien, révolutionne notre perception de l’espace qui, tout à coup, apparaît volumineux. Voir les mots au milieu de cet espace, c’est n’être pas loin se s’y voir soi-même, et la conscience de cet enveloppement est le début d’une plénitude qu’on n’éprouve guère autrement. À partir de cette expérience, lire et regarder se tiennent dans une ressemblance qui en fait des actes beaucoup plus charnels, beaucoup plus concrets, qui font sourdre à la fois émotion et pensée dans un mouvement inséparable.
Bernard Noël, Catalogue de l’exposition, Excepté peut-être une constellation, Livres peints (1986-2006), Bibliothèque municipale de Strasbourg.
© Anne Slacik, DR. Blanc 2, 56 x 76 cm, 2019.
Ce sont des nébulosités douces, aux nuances laiteuses. Ce sont des lueurs flammées léchant l’espace avec des légèretés de tulle. Ce sont des nappes de transparence bleutée à la présence spectrale. Ce sont des lisières, des orées, des élans, des envols. Dépourvue de tout signe, de tout geste graphique, la peinture d’Anne Slacik trouble, parce qu’elle s’en remet exclusivement à la couleur comme valeur, comme intensité. Nulle figure ne s’y laisse voir, nulle forme même. La toile (ou le papier) est un champ, un périmètre vierge où la couleur s’épand en un déploiement coulé. Ces flaques de clarté immanentes, de tons fondus, de fluidités qui fusent, instaurent, contre toute attente, une sorte de modelé : des profondeurs s’ouvrent, une palpitation fait battre l’étendue de l’œuvre. Ici commence la traversée des apparences… Dans ses tableaux comme dans la brassée superbe de ses livres manuscrits et peints, Anne Slacik élargit la conscience – si l’on veut bien se souvenir qu’élargir un prisonnier, c’est le libérer. Avec ses appels d’air, ses vertiges, ses souffles, ses mouvements de poussée et d’aspiration, cette peinture (où la matière se résout en lumière) efface toute ligne de partage. Elle jette un pont décisif entre le dehors et le dedans.
Jean-Louis Roux, Des lisières, des orées, des élans, des envols, in Excepté peut-être une constellation, Textes de poètes, 2008. Source : c'est ici.
Pour Anne
Madame-des-couleurs, c’est au jardin que je l’ai rencontrée.
Près des sources.
Elle regardait la musique de l’été.
Ce vol d’abeilles que nous ne pouvons voir. Ce chuchotis de lumière sue le bord déchiqueté des fleurs. Ce bruit d’eau au milieu du torrent sans les haut-le-cœur de l’écume.
Ce mur vibrant de l’air, ses doigts le caressaient sur ses toiles, espaces tissés dans le défaut du jour.
Et c’est merveille de la perdre quand ce sont les eaux qui gagnent sur le jardin.
Vives jusqu’aux étangs où murmure la mer.
Alain Freixe, in Excepté peut-être une constellation, Textes de poètes, 2008. Source: c'est ici.
La peinture d’Anne Slacik est une lente remontée vers l’origine. Elle convoque le terrestre et le céleste, nous ouvre aux règnes végétal, aérien, minéral, aquatique et humain en un seul espace vivant : la couleur. Ses toiles sont une invite au voyage des commencements.
Anne la sourcière. Quand je pense à elle, voilà le nom qui naît sur mes lèvres. Pinceau penché dessus la terre ou dressé dans le ciel, elle est celle qui anime l’eau et les souffles, provoque les résurgences, fait circuler la matière jusqu’à ce que l’invisible devienne visible. Anne, la sourcière, agit par coulées d’ombres, rais de lumière, par tiges fragiles de noir, par herbes folles ou rêve de pluie. Elle suit la pente du tableau et des émotions, elle laisse aller toutes les figures, elle laisse agir toutes les formes et nous entraîne. D’un corps à corps elle fait un envol intérieur.
Sylvie Fabre G., Anne, la sourcière, Terre de femmes, avril 2006. Source: c'est ici.
Un entretien récent avec Anne Slacik
à propos de l'exposition, Les couleurs du blanc, Galerie Papiers d'Art, Paris, du 28 mai, prolongée au 27 juin 2020
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L'exposition de l'été
Les Indes galantes , 21/06 - 16/09 - 2020, Galerie Artenostrum - Dieulefit
Le site d'Anne Slacik, c'est ici
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merci pour cette magnifique découverte, pour ce dialogue à plusieurs voix, sensible et éclairant
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